RENVOYER : v. tr. Envoyer de nouveau. Je lui avais envoyé une lettre à une mauvaise adresse elle m'est revenue, je la lui renvoie. Ses électeurs l'ont renvoyé à la Chambre.
Il signifie aussi Faire reporter à une personne une chose qu'elle avait envoyée. On lui avait envoyé un présent, il l'a renvoyé.
Il signifie encore Faire reporter à une personne une chose qui lui appartient et qu'elle avait prêtée ou laissée par mégarde en quelque endroit. Vous m'avez prêté ce livre, mais je suis sûr de vous l'avoir renvoyé. J'ai trouvé la bague qu'elle avait perdue et je la lui ai renvoyée. Je lui ai renvoyé sa canne qu'il avait oubliée chez moi.
En parlant des Personnes, il signifie Faire retourner quelqu'un au lieu d'où il était envoyé, d'où il était parti. Je vous renvoie votre secrétaire avec les papiers que vous m'avez demandés. Aussitôt arrivé il renvoya les personnes qui avaient tenu à l'accompagner.
Il signifie aussi Congédier quelqu'un, lui donner son congé. On a renvoyé une partie des employés. Le roi vient de renvoyer tous ses ministres. Renvoyer un domestique dont on est mécontent. Il l'a renvoyé durement sans vouloir l'écouter.
Il signifie encore Adresser une personne à quelqu'un ou en quelque lieu, pour l'éclaircissement de quelque chose. Je lui ai demandé les raisons qui le déterminaient à prendre ce parti; pour toute réponse, il m'a renvoyé à son avocat, à son conseil. Un auteur est souvent obligé de renvoyer son lecteur à ce qu'il a dit plus haut, aux livres qui ont traité expressément les matières dont il s'agit. Ces chiffres, ces lettres renvoient le lecteur aux notes qui sont placées à la fin du volume.
Fig., Renvoyer de Caïphe à Pilate, se dit lorsque les personnes de qui dépend une affaire une grâce, se renvoient l'une à l'autre celui qui la sollicite.
RENVOYER se dit aussi en parlant des Demandes, des propositions, etc., que l'on transmet que l'on communique à ceux qui doivent les examiner, y faire droit ou en rendre compte. Votre demande a été renvoyée à telle personne. La Chambre a renvoyé leur pétition au ministre de la Guerre, à la commission du budget. Renvoyer un projet de loi, une proposition à l'examen des bureaux.
RENVOYER, en termes de Jurisprudence, signifie Ordonner qu'une partie se pourvoira ou qu'un accusé sera traduit devant tel ou tel juge. La Cour d'Appel a renvoyé l'affaire au tribunal compétent. Renvoyer les parties et le procès devant telle cour. La chambre d'accusation l'a renvoyé devant les assises.
Renvoyer les parties à se pourvoir, Se déclarer incompétent. Renvoyer un plaideur de sa demande, La lui refuser par un jugement. Renvoyer un accusé, le renvoyer absous, quitte et absous, le renvoyer d'accusation, Le décharger de l'accusation intentée contre lui. On dit de même : Il a été renvoyé de la plainte.
RENVOYER signifie aussi Remettre à un autre temps. Il m'a renvoyé à Noël pour mon paiement. Il ne faut pas renvoyer au lendemain ce qu'on peut faire le jour même. On a renvoyé l'affaire à huitaine.
Fig. et fam., Renvoyer aux calendes grecques, Remettre à un temps qui n'arrivera jamais, attendu que les Grecs ne comptaient point par calendes.
RENVOYER signifie encore Envoyer en sens contraire, relancer, réfléchir, répercuter. Un joueur, un mur qui renvoie la balle. La plaque d'une cheminée renvoie de la chaleur dans la chambre. La lune renvoie la lumière du soleil. L'écho renvoie les sons, les paroles.
Fig et fam., Renvoyer la balle à quelqu'un, Lui riposter, lui répliquer vivement. Il voulait soutenir ce paradoxe, mais son adversaire lui a bien renvoyé la balle. Ces brillants causeurs se renvoyaient la balle pour le plus grand plaisir de l'assistance.
Fig. et fam., Se renvoyer la balle, se dit en parlant de Deux personnes qui veulent se décharger l'une sur l'autre de l'embarras d'une affaire, d'une sollicitation, d'un travail. Ils se renvoient la balle l'un à l'autre.