SAVOIR : v. tr. Connaître, avoir connaissance de. Je sais toute l'affaire. Il sait le chemin. Il ne savait rien de ce qui se passait. Je le sais à n'en pouvoir douter. Je sais qu'il est de vos amis. Je ne sais à quoi me décider. À quoi vous décidez-vous? Je ne sais. Je ne sais que faire. Je ne sais comment faire. Il ne sait pas ce que c'est, il ne sait ce que c'est que de mentir. Je ne sais où j'en suis. Je ne sais pourquoi sa présence me trouble. Je ne sais qui me l'a dit, quelle personne me l'a dit. Je sais tout cela, tout ce que vous dites. Est-ce que vous n'en savez rien? Je n'en veux rien savoir. Il sait cela de bonne source. Tout se sait à la longue. Si l'on vient à le savoir. Il a couru bien des dangers sans le savoir.
Qui vous savez, que vous savez se dit Quand on ne veut pas nommer une personne ou une chose à quelqu'un qui la connaît bien. N'en dites rien à qui vous savez. L'affaire que vous savez ne va pas bien. Ce que vous savez sert désigner par euphémisme Ce qu'il ne serait pas convenable de nommer.
Fam., En savoir long, Connaître sur une affaire nombre de détails restés secrets. Il en sait long sur les intrigues de cet individu.
Fam., Il ne sait ce qu'il veut se dit d'un Homme indécis ou inconstant dans ses résolutions.
Fam., Il ne sait ni ce qu'il fait, ni ce qu'il dit se dit d'un Homme qui, par ignorance ou par quelque trouble d'esprit, ne dit rien, ne fait rien de ce qu'il devrait faire ou dire.
Fam., Ne savoir rien de rien, Être dans une ignorance complète de toutes choses, ou de telle chose en particulier.
Fam., Je sais ce que je sais se dit Quand on ne veut pas s'expliquer.
Substantivement, Un je ne sais qui, Un homme que personne ne connaît ou ne considère. On dit dans le même sens : Un je ne sais quel homme est venu me trouver.
Je ne sais quoi ou, comme nom masculin, Un je ne sais quoi, le je ne sais quoi se dit d'une Qualité ou d'un sentiment indéfinissable. Je ne sais quoi m'avertissait de me défier de lui. Il y a dans ces vers un je ne sais quoi qui me charme. Le je ne sais quoi de sa physionomie vous attire. On dit de même : je ne sais quel trouble, un je ne sais quel trouble s'est emparé de moi.
Fam., Je suis tout je ne sais comment, J'éprouve un malaise indéfinissable.
Que savez-vous? Qu'en savez-vous? Que sais je? Sait-on ce qui arrivera? La question est de savoir si... Reste à savoir si... se disent par manière de doute et d'interrogation.
Savez-vous, savez-vous bien? Soyez assuré ne vous y trompez pas. Savez-vous bien que je suis fort mécontent de vous?
Dieu sait, Locution familière dont on se sert pour marquer l'incertitude, l'importance difficile à préciser de la chose dont on parle.
Dieu sait s'il reviendra. Il a de l'argent, Dieu sait combien. Il reviendra, Dieu sait quand. Tout cela va, Dieu sait comme. Dieu le sait se dit pour exprimer l'ignorance sur une chose importante. Comment tout cela finira-t-il? Dieu le sait. On dit dans le même sens : Dieu sait ce qui en est.
Fam., Ne savoir où se mettre, Être dans un embarras, une confusion extrême. Ne savoir que faire d'une chose, En être très embarrassé. Il ne savait que faire de son chapeau et de ses gants. Par exagération, Elle ne sait que faire de ses bras et de ses jambes, Elle est extrêmement gauche.
Savoir une personne, une chose, Savoir que cette personne, cette chose existe, peut être trouvée. Je sais un habile horloger qui demeure près d'ici.
Je ne sache personne, Je ne connais personne. Je ne sache personne qu'on puisse lui comparer. On dit aussi : Je ne sache rien de si beau, Je ne sais rien de si beau; Je ne sache pas que ce soit défendu, J'ignore que ce soit défendu. Dans ces sortes de phrases, on n'emploie jamais qu'avec la négation et à la première personne du singulier ce subjonctif non précédé de que.
Que je sache se met à la fin d'une phrase négative pour signifier que, si un fait est autrement qu'on ne le dit, on l'ignore. Il n'y a personne à la maison, que je sache. Est-il venu quelqu'un? Non pas que je sache.
Savoir gré, savoir bon gré, ne pas savoir gré, savoir mauvais gré à quelqu'un de quelque chose, Être satisfait ou mal satisfait d'une chose qu'il a dite, qu'il a faite; être content ou mécontent de sa conduite, de son procédé. Je lui en sais gré. Je lui en sais le meilleur gré du monde. Il lui en sait mauvais gré. Il ne sait aucun gré de ce qu'on fait pour lui.
SAVOIR signifie aussi Avoir dans la mémoire. Il sait sa leçon. Elle sait mal son rôle. Il savait son discours par cœur.
Fig. et fam., Savoir quelqu'un par cœur, Connaître parfaitement son caractère, ses habitudes.
SAVOIR signifie aussi Posséder quelque science, quelque art, être instruit, habile en quelque profession, en quelque exercice. Il sait la grammaire, les mathématiques, l'histoire. Il sait le grec, le latin, l'arabe. On ne peut tout savoir. Savoir son métier. Savoir jouer du violon. Savoir danser. Savoir se battre. Vous verrez ce que je sais faire.
Fam., Ne savoir ni A ni B, Être très ignorant.
SAVOIR se dit encore absolument et signifie Avoir l'esprit orné et rempli de choses utiles. C'est un homme qui sait. Il a un grand désir de savoir.
Prov., Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, Si la jeunesse avait de l'expérience et que la vieillesse eût de la force.
SAVOIR signifie également Être accoutumé, exercé à une chose, la bien faire. Savoir parler aux foules. Il sait persuader. Il sait plaire. Il sait plaisanter. Il sait vaincre ses passions. Il sait se modérer, se contenter de peu. Il sait se tirer d'affaire. Il ne sait pas répondre quand on lui parle.
Savoir vivre, Se conduire dans le commerce du monde avec tous les égards, et même toutes les précautions qu'un honnête homme est obligé d'avoir avec les autres. Il sait vivre. Il ne sait pas vivre. Savoir vivre s'emploie aussi substantivement. Voyez SAVOIR-VIVRE.
Savoir bien le monde, Connaître et pratiquer les usages de la bonne société. Il sait bien le monde. On dit aussi familièrement : Il sait son monde, il sait bien son monde, Il est bien renseigné sur les personnes à qui il a affaire.
Fam., Il ne sait pas distinguer sa main gauche de sa main droite, Il est sans intelligence.
SAVOIR signifie encore Avoir le pouvoir, la force, le moyen, l'adresse, l'habileté de faire quelque chose. Je saurai bien le faire obéir. Je saurai bien me défendre. Je n'y sais, je n'y saurais que faire. Il n'a su en venir à bout. Dans le sens de Pouvoir, il s'emploie surtout avec le conditionnel et avec la négation ne. Je ne saurais faire ce que vous me dites. Ne sauriez-vous aller jusque-là? On ne saurait avoir plus d'esprit.
SAVOIR signifie aussi Apprendre, être instruit, être informé de quelque chose. Vous saurez que... Afin que vous le sachiez. Il faut savoir, il est bon de savoir que... Reste à savoir s'il y consentira.
Faire savoir, Instruire, informer quelqu'un par lettre, par message. Je lui ai fait savoir le succès de cette affaire. Je lui ai fait savoir comment cela est arrivé, comme la chose s'était passée. Faites-moi savoir de vos nouvelles. Il m'a fait savoir qu'il était arrivé en bonne santé.
C'est à savoir, à savoir, et plus ordinairement Savoir, Façons de parler dont on se sert pour spécifier les choses dont il s'agit. On a vendu pour dix mille francs de meubles; c'est à savoir : deux tapisseries pour tant, etc. L'armée était composée de vingt mille hommes; savoir : dix mille fantassins, etc. On s'en sert aussi familièrement pour marquer qu'on doute de quelque chose. Vous me dites qu'ils contribueront tous également à cette affaire, c'est à savoir s'ils le pourront, à savoir s'ils le voudront; savoir si vous en serez approuvé.
Le participe passé
SU s'emploie comme nom masculin et désigne la Connaissance qu'on a de quelque chose. Il n'est guère usité que dans cette locution : Au vu et au su de tout le monde.