BOIRE : v. tr. Avaler un liquide. Boire de l'eau, du vin, de la bière, etc. Absolument, Boire frais. Boire chaud. Boire à la fontaine. Boire dans le creux de la main. Boire dans un verre. Boire d'un trait. Boire à longs traits, à la régalade. Par extension, Boire un verre, une bouteille de cidre.
Donner à boire, Tenir cabaret, vendre du vin en détail à tout venant. Il y a au coin de la rue un homme qui donne à boire. Donner à boire et à manger.
Vin prêt à boire, Vin qui a acquis sa maturité, qui est en état d'être bu.
Chansons à boire, Chansons faites pour être chantées à table. On dit dans le même sens Air à boire.
Cet homme boit bien, il boit sec, Il boit beaucoup. Boire d'autant, Boire beaucoup. Boire à sa soif, Ne boire que quand on en a effectivement besoin. Boire son soûl, tout son soûl, Boire autant qu'on veut et au-delà du besoin.
Pop., Boire à tire-larigot, boire comme un templier, boire comme un trou, comme une éponge, Boire excessivement.
Boire à la santé de quelqu'un, Exprimer des vœux pour la santé de quelqu'un en buvant. On dit aussi Boire une santé, des santés. On dit de même Boire à quelqu'un. Boire au retour, au prompt retour, à l'heureux voyage, aux succès de quelqu'un, etc.
Boire au bon retour de quelqu'un signifie aussi Boire en signe de joie de son arrivée.
Boire à la ronde, Boire tour à tour, les uns après les autres.
Après boire, Après avoir bu.
Donner pour boire à des ouvriers, à un commissionnaire, à un cocher. Voyez POURBOIRE.
Fig., Boire le vin de l'étrier, ou le coup de l'étrier, Boire un verre de vin quand on est prêt à partir.
Fig. et fam., C'est la mer à boire, se dit d'une Entreprise qui présente des difficultés extrêmes, des obstacles insurmontables. On dit dans le sens contraire, Ce n'est pas la mer à boire.
Il se dit encore de Quelqu'un qui court le risque de se noyer. Quand on vint à son secours, il commençait à boire.
Il y a à boire et à manger, se dit proprement d'un Liquide, vin, bouillon, café, trouble et épais. Fig. et fam., il se dit d'une Affaire qui peut avoir à la fois de bons et de mauvais résultats, d'une question qui présente plusieurs aspects, d'un ouvrage où il y a du bon et du mauvais.
Prov., Qui bon l'achète, bon le boit, se dit en parlant d'un Bon vin. Fig. et fam., il signifie Il ne faut point plaindre l'argent à de bonne marchandise.
Prov. et fig., On ne saurait faire boire un âne s'il n'a soif, qui n'a pas soif. Voyez ÂNE.
Prov. et fig., Le vin est tiré, il faut le boire, se dit pour exprimer qu'on est trop engagé dans une affaire pour reculer.
Fig., Boire le calice, Se soumettre à faire ou à souffrir ce qu'on ne saurait éviter. Boire le calice jusqu'à la lie, Souffrir une humiliation complète, une douleur longue et cruelle, un malheur dans toute son étendue.
Fig., Boire un affront, Souffrir une injure sans en témoigner de ressentiment. Avoir toute honte bue, N'avoir plus honte de rien.
Prov. et fig., Qui fait la faute, la boit, Celui qui a fait une faute en doit porter la peine.
Le roi boit! ou La reine boit! Acclamation usitée dans les repas le jour des Rois, lorsque le roi ou la reine de la fève boit.
Il signifie aussi Boire avec excès, s'enivrer. Il est sujet à boire. Il a le défaut de boire. Elle a renvoyé son chauffeur, parce qu'il buvait.
Prov. et fig., Qui a bu boira, se dit en parlant d'un Défaut dont on ne se corrige jamais.
Il signifie aussi, en parlant des choses, S'imbiber, s'imprégner. Ce papier boit, L'encre passe au travers. La terre boit l'eau. L'éponge boit.
BOIRE s'emploie aussi comme nom masculin dans cette locution figurée et familière, Il en oublie, il en perd le boire et le manger, Il est entièrement absorbé par une occupation, par une passion.